mercredi 16 novembre 2011

La création musicale à l'heure d'Internet : appauvrissement ou opportunités ?

Le formidable outil de promotion qu'est le web aura permis à des sites tels que Myspace d'orienter sa stratégie vers les musiciens désireux de se faire connaître et partager leurs créations. Force est de constater que cela a marché, et quand bien même Myspace semble complètement à la rue aujourd'hui, la vague de ces e-musiciens n'a fait que se renforcer depuis ces dernières années, en témoigne le succès de plateformes telles que Soundcloud, ou bien encore Youtube, qui présente le double intérêt d'exploiter le son et la vidéo.

Compte tenu de la relative facilité de se "bâtir" un home-studio chez soi (soit une paire d'enceinte, une bonne carte son, un clavier midi, et un pc avec un logiciel qui tient la route) et d'avoir accès à Internet de nos jours, le nombre de compositeurs en herbe s'est démultiplié. Qui dit plus de monde, dit plus de musique partagée gratuitement, et donc plus de diversités... A l'évidence, la dématérialisation des supports a conduit vers une démocratisation de l'accès à la composition, jugée autrefois onéreuse - car les instruments coûtent chers - et élitiste. Libérée des carcans commerciaux et stylistiques imposés par les éditeurs et les distributeurs, on serait en droit d'attendre de la musique partagée gratuitement qu'elle soit complètement libérée.

Pourtant, j'ai l'impression tenace que ces évolutions, au lieu de favoriser la créativité et la diversité, n'ont fait que renforcer le mimétisme musical et repli sur soi des communautés (des tribus musicales en gros). Rien ne distingue la plupart des morceaux que je suis amené à écouter. Tout cela me semble bien générique et insipide, et ne fait que reproduire le schéma déjà existant dans le domaine de la musique éditée et commercialisée. En fait, il semble que ce qui motive ces nouveaux producteurs ne serait pas tant le fait de se distinguer en proposant quelque chose de différent, mais de se cantonner à reproduire les mêmes sonorités de leurs idoles, en caressant l'espoir d'être un jour remarqué par un label ou une maison de disques.
Ce cas de figure est symptomatique d'un bon nombre de courants actuels de musiques électroniques : dubstep, minimal, progressive house, etc., genres dans lesquels la prise de risque est proche de zéro aujourd'hui, et donc où la reproduction de sonorités identiques est légion, comme si cela rassurait les producteurs de ne pas trop s'écarter du "son" dominant.
Cette banalisation s'explique en grande partie par la présence de presets de synthétiseurs inclus dans les logiciels de MAO (musique assistée par ordinateur). Nul besoin de triturer vos sons avec toute sorte d'effets, vous avez le même type de basse de votre producteur préféré déjà servi (j'exagère un peu mais c'est presque ça) ! Ce qui est d'autant plus regrettable quand on considère les possibilités infinies offertes par les modulations des synthétiseurs numériques. Une guitare, elle, sonnera toujours comme une guitare.

Pourtant il existe toujours cette frange de productions originales et intéressantes, et on voit éclore ça et là des mutations musicales osées mais qui, parfois, fonctionnent. Elles sont justes écrasées par le courant consensuel dominant et n'ont donc peu de visibilité.

Ce vaste champ qu'est la musique à l'heure d'internet semble donc se resserrer autour d'un chemin étroit et borné. Elle n'est en fait que la reproduction du schéma physique du marché mainstream / underground.

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