lundi 5 décembre 2011

Hadopi pt.2 : les sites de streaming en danger

J'évoquais, il y a deux semaines, le discours offensif de Nicolas Sarkozy en faveur de la lutte contre le piratage des oeuvres protégées sur Internet, discours au cours duquel il a affiché le souhait d'étendre ces mesures à l'encontre des sites de streaming vidéo, jugés responsables des "mauvais résultats" enregistrés par les industries de contenus (ou plutôt un manque à gagner pour faire encore de meilleurs chiffres...)

Avec un certain opportunisme, c'est sans plus attendre que trois syndicats du milieu cinématographique et télévisuel  lui ont emboîté le pas et ce sans y aller de main morte puisqu'ils (l'APC, la FNDF et le SEVN) ont déposé une plainte collective auprès du tribunal de grande instance. Leur cible ? L'ensemble des FAI et autres moteurs de recherche présents sur la Toile. Leur motif ? Que les premiers prennent les mesures nécessaires pour bloquer l'accès des quatre sites apparentés à allostreaming (AlloShowTV, AlloShare, AlloMovies) et que les seconds cessent de référencer les sites, afin d'endiguer le nombre de visites et donc de visionnages "illégaux" de films protégés par le copyright. En vertu de quoi ? Les trois plaignants s'appuient sur l'article 336-2 du code de la propriété intellectuelle dans lequel il est prévu que "en présence d'une atteinte à un droit d'auteur ou à un droit voisin (...) le tribunal de grande instance, statuant le cas échéant en la forme des référés, peut ordonner (...) toutes mesures propres à prévenir ou à faire cesser une telle atteinte à un droit d'auteur ou un droit voisin, à l'encontre de toute personne susceptible de contribuer à y remédier".

Bien que la nébuleuse Allostreaming représente un réservoir non négligeable de films détournés en streaming, on imagine mal comment cette action menée contre elle pourrait porter un coup décisif à cette pratique très largement répandue. Les autres plateformes étant très nombreuses, la seule possibilité serait, pour les industries, de demander la mise en place d'un filtrage par Deep Packet Inspection (DPI) qui permet de surveiller les échanges de contenus sur les réseaux, donc en temps réel. Cette méthode, qui n'est pas sans rappeler la censure qui sévit dans certains pays comme la Chine, est pour l'instant interdite par la législation européenne. 

On note également que les ayants droit n'auront pas attendu que l'Hadopi fasse part de son plan anti-streaming annoncé par Sarkozy début 2012 pour passer à l'action...ce qui n'est pas sans provoquer une certaine vague antipathique à leur égard de la part des internautes, qui eux ont depuis longtemps adopté les nouveaux usages associés au web. Un peu radins, les ayants droit ? C'est ce que je me dis quand je regarde les chiffres de l'industrie cinématographique de l'année 2010 (en attendant ceux de cette année) :

En 2010, la fréquentation des salles de cinéma franchit, pour la deuxième année consécutive, le seuil de 200 millions d’entrées à 206,33 millions d’entrées (+2,4%), soit le plus haut niveau depuis 1967. Les recettes des salles augmentent de 5,6 % pour atteindre 1 304,79 M€ et le prix moyen du billet est de 6,32 € (+3,1 %). Les films sortis en 2010 réalisent 90,0 % des entrées de l’année. Parmi les 10 premiers films de l’année, 4 films ont été exploités partiellement en 3D.

Les dépenses des ménages en programmes audiovisuels progressent de 1,8 % à 8 079 M€ en 2010, en raison de la croissance des dépenses de redevance (+3,0 %), de vidéo à la demande (+39,5 %) et de cinéma (+5,6 %), alors que les dépenses d’abonnement (-0,6 %) et de vidéo physique (-0,3 %) sont stables. 






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